L’histoire du petit village de Chester commence, magistralement par deux crimes : l’idiot du village et une pauvre fille dont la disparition n’inquiète personne. Pourtant, il est ici bien plus question de rumeur que d’enquête policière. La rumeur tient ensemble ces deux crimes : aussi, l’on pourrait s’interroger : A qui profite la rumeur ?
L’autarcie dans laquelle vit ce petit village est propice à la propagation de la vie, même imaginée, de tous. Ainsi, c’est successivement la tempête, l’installation de nouveaux arrivants venant de la ville puis la découverte d’un cadavre qui alimentent indéfiniment les conversations des habitants d’un village où il ne se passe normalement rien.
La rumeur est d’abord lancée par le Maire et son adjoint qui se sont débarrassés de l’diot au fond d’un puits. L’adjoint, rongé par sa culpabilité, tente de suggérer au curé que Madame Henri, la mère de l’idiot, a voulu se débarrasser de son fils. A son tour, le curé est dépositaire de l’information selon laquelle l’idiot a disparu, alors qu’il est de ceux qui devraient le plus garder un secret, il se confie à sa servante qui livre l’information aux femmes du village. Personne ne sait mais chacun est son idée, un principe qui semble être au cœur de toute rumeur.
A son tour, le maire veut lancer une rumeur pour se débarrasser de sa culpabilité. Au cours d’une assemblée villageoise, le maire lance la rumeur selon laquelle Midas serait soupçonné du meurtre de la jeune fille, il se cacherait maintenant par peur des représailles. Mais, la rumeur échappe à son auteur, comme si elle avait une vie propre : l’assemblée des villageois, d’une réflexion à une autre, ne pense pas qu’un idiot puisse faire une telle chose mais se met soudain à soupçonner Paul Barabé, un citadin venu se refaire personnellement et financièrement en tant qu’ouvrier agricole : tous se convainquent que l’étranger est bizarre et qu’il ferait un excellent coupable. Dans le village, l’on se raconte des histoires qui, à force, deviennent vraies : « Et devant eux, le faux devenait vrai » (p.90).
Le village est une communauté mais ce fonctionnement autarcique va bien au-delà. En effet, les villageois de Chester se mêlent de tout ce qui se passe, il n’y aucune intimité comme si la vie de chacun appartenait à tous. Partant du principe que le village est leur territoire, ils observent tout et se réservent le droit de tout connaître et de faire partager les informations. Ainsi, ils assistent tel à un spectacle à l’emménagement des nouveaux arrivants puis à la découverte du corps dans le fossé.
C’est ainsi que se forge leur propre justice : c’est en toute conscience que le maire décide d’exécuter l’idiot et sans jamais douter du bien fondé de cela ; par ailleurs des villageois menacent sérieusement Paul Barabé quand il va au café alors qu’ils reconnaissent qu’ils ne savent pas si c’est lui ou pas qui est coupable. Paul Barabé ressent bien que cette menace est réelle, ’on pourrait le tuer sans autre forme de procès. Le soupçon se porte toujours de telle sorte que cela sauve l’intégrité de la communauté villageoise.
On ne saura finalement jamais qui est le vrai coupable : peut-être est-ce le père Fouquet, cela l’arrange que le soupçon se porte sur son ouvrier et il ne veut pas le laisser partir ; peut-être le fils Romain qui est s’amuse avec son canif à tout mutiler ; ou Simeoni qui n’avait pas signalé le cadavre ; ou Midas. Cela donne l’impression que tout le monde pourrait être coupable. Les habitants seront en tout cas coupables de ne pas chercher à savoir ce qui est arrivé à l’idiot dont ils ne connaîtront jamais le sort.
La rumeur est d’abord lancée par le Maire et son adjoint qui se sont débarrassés de l’diot au fond d’un puits. L’adjoint, rongé par sa culpabilité, tente de suggérer au curé que Madame Henri, la mère de l’idiot, a voulu se débarrasser de son fils. A son tour, le curé est dépositaire de l’information selon laquelle l’idiot a disparu, alors qu’il est de ceux qui devraient le plus garder un secret, il se confie à sa servante qui livre l’information aux femmes du village. Personne ne sait mais chacun est son idée, un principe qui semble être au cœur de toute rumeur.
A son tour, le maire veut lancer une rumeur pour se débarrasser de sa culpabilité. Au cours d’une assemblée villageoise, le maire lance la rumeur selon laquelle Midas serait soupçonné du meurtre de la jeune fille, il se cacherait maintenant par peur des représailles. Mais, la rumeur échappe à son auteur, comme si elle avait une vie propre : l’assemblée des villageois, d’une réflexion à une autre, ne pense pas qu’un idiot puisse faire une telle chose mais se met soudain à soupçonner Paul Barabé, un citadin venu se refaire personnellement et financièrement en tant qu’ouvrier agricole : tous se convainquent que l’étranger est bizarre et qu’il ferait un excellent coupable. Dans le village, l’on se raconte des histoires qui, à force, deviennent vraies : « Et devant eux, le faux devenait vrai » (p.90).
Le village est une communauté mais ce fonctionnement autarcique va bien au-delà. En effet, les villageois de Chester se mêlent de tout ce qui se passe, il n’y aucune intimité comme si la vie de chacun appartenait à tous. Partant du principe que le village est leur territoire, ils observent tout et se réservent le droit de tout connaître et de faire partager les informations. Ainsi, ils assistent tel à un spectacle à l’emménagement des nouveaux arrivants puis à la découverte du corps dans le fossé.
C’est ainsi que se forge leur propre justice : c’est en toute conscience que le maire décide d’exécuter l’idiot et sans jamais douter du bien fondé de cela ; par ailleurs des villageois menacent sérieusement Paul Barabé quand il va au café alors qu’ils reconnaissent qu’ils ne savent pas si c’est lui ou pas qui est coupable. Paul Barabé ressent bien que cette menace est réelle, ’on pourrait le tuer sans autre forme de procès. Le soupçon se porte toujours de telle sorte que cela sauve l’intégrité de la communauté villageoise.
On ne saura finalement jamais qui est le vrai coupable : peut-être est-ce le père Fouquet, cela l’arrange que le soupçon se porte sur son ouvrier et il ne veut pas le laisser partir ; peut-être le fils Romain qui est s’amuse avec son canif à tout mutiler ; ou Simeoni qui n’avait pas signalé le cadavre ; ou Midas. Cela donne l’impression que tout le monde pourrait être coupable. Les habitants seront en tout cas coupables de ne pas chercher à savoir ce qui est arrivé à l’idiot dont ils ne connaîtront jamais le sort.
"Le discours sur la tombe de l'idiot" Julie Mazzieri, José corti, 17€
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