vendredi 29 octobre 2010

« Solutions locales pour un désordre global » : du (bon) grain à moudre

Le film de Coline Serreau sur les agricultures intensives et biologiques sort en DVD le 2 novembre.

Qu’ils soient économistes, agronomes, ingénieurs, militants ou paysans, les histoires racontées par les multiples interviewés de Coline Serreau commencent de la même façon : à la suite des deux guerres mondiales, les vendeurs d’armes chimiques et de machines se sont reconverties à l’agriculture. La révolution agraire qui s’en suivit, prétendue nécessaire pour épargner les famines aux hommes, a asséchée les sols comme les paysans des quatre coins du monde. Ces derniers étaient désormais liés aux industriels de l'agro-alimentation qui leurs vendaient des produits et des semences dont,jusqu’ici la terre, généreuse et «maternelle», avait toujours su se passer. Certains d’entre eux ont avalé ce qui les avaient déjà tué économiquement : pesticides, insecticides et fongicides. Cependant, pour les Etats-Unis, cette Révolution « Verte » qui rendait la planète plus jaune était un argument sans pareil pour contrer «les rouges» : votre système collectiviste est hors de propos, pour nourrir les hommes il suffit du progrès technique. En réalité, l’argument sanitaire masquait une soif économique inassouvissable.
Depuis, (les années 70 ?) de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette triple spoliation du vivant :
- spoliation par les industriels tels Monsanto qui le brevètent ou qui, via les pouvoirs publics, imposent aux agriculteurs de ne faire pousser qu’un nombre très restreint de variétés et font du plaisir gastronomique un jardin d’Eden perdu ;
- spoliation de la terre par les grandes exploitations, lesquelles semblaient jusqu’ici être les seules à pouvoir résister face à cette marchandisation ;
- spoliation de la planète aux hommes par les effets de la Révolution Verte qui détruisent les espèces et transforment la bonne terre, graine de « couscous », en « béton ».

Le film laisse à entendre certaines de ces voix :
- celle de Vandana Shiva, physicienne et l’une des chefs de file des écologistes de terrain. Elle plaide et agit pour un retour aux méthodes et aux recettes de grand-mères face à une agriculture «masculine » et destructrice ;
- Pierre Rabhi, ouvrier agricole devenu l’un des pionniers de l’agriculture biologique. Il appelle ruraux ou citadins à redevenir autonome, soit en cultivant leur jardin, soit en se ravitaillant auprès de petits producteurs, afin de construire «des ponts» au-dessus d’un système qui nous ôte ce qui est à la fois notre devoir et notre droit : nous nourrir nous-même.
- Lydia et Claude Bourguignon, respectivement maître ès sciences agroalimentaire et ingénieur agronome. Ils ont quitté l’Institut national de recherche agronomique (Inra) suite à un désaccord sur les orientations de cette institution pour créer leur propre laboratoire (le Laboratoire d’Analyse Microbiologique des Sols). Ils prônent les rotations de culture et rappellent l’importance de faire cohabiter forets, élevage et agriculture.
- -Dominique Guillet : fondateur de l’association Kokopelli qui préserve les graines anciennes afn de lutter contre la confiscation de semences par les industriels. L’agriculteur Philippe Desbrosses fait de même. Il est pionnier de l’agriculture biologique en France.
- Joao Pedro Stedile, économiste brésilien et l’un des membres fondateurs du Mouvement sans terre ;
- Serge Latouche, économiste théoricien de la décroissance. Il rappelle qu’au rythme où les Occidentaux consomment, bien plus d’une planète serait nécessaire.
- Paysans brésiliens, indiens, français, etc.
Ces voix dénoncent et présentent des solutions. Elles prouvent que l’agriculture biologique est, finalement, bien plus rentable que l’intensive, puisque son bénéfice est d’ordre économique, écologique, esthétique et humain…
…afin que le spectateur, urbain, rural, agriculteur ou non, se mette à manger autrement. Un film non seulement à voir, mais à diffuser. Absolument.

Solutions locales pour un désordre global, de Coline Serreau, avril 2010, 1h53
Sortie en DVD le 2 novembre.


Pour en savoir plus : le site du film.

mardi 26 octobre 2010

« N'omets pas de leur parler d'amour » : les ponts de Mathias Enard

Sur la voûte de la chapelle Sixtine, le doigt du créateur ne touche pas celui de l'homme auquel il vient de donner la vie. Adam a le visage d'un poète turc, prétend l'écrivain Mathias Enard ; Mesihi de Pristina serait ce poète. Il est mort pauvre en 1512, époque à laquelle Michel-Ange concluait la chapelle. De Michel-Ange on a beaucoup parlé, de la chapelle et de dieu aussi, les manuscrits de Mesihi sont dans les bibliothèques de Vatican et de Vienne. Mais d'une éventuelle rencontre entre l'artiste toscan et le calligraphe et poète ottoman bien peu... Pour l'inventer, l'orientaliste Mathias Enard se base sur un fait bien réel : invité à Constantinople, le jeune Michel-Ange a esquissé un projet de pont pour la Corne d'or qui n'a jamais vu le jour. Cette occasion -ou cette oeuvre- manquée, l'auteur la saisit comme une opportunité pour raconter les débuts d'un jeune génie, son amour de la plastique des corps, ses batailles pour obtenir des contrats (notamment de la part du pape Jules II), son énergie insondable que recouvre une frustration toute aussi immense, une incapacité d'aller à la rencontre des autres, des femmes, qui s'explique par trop d'absorbement dans les objets à contempler et à créer, et qui sera résolue, dialectique salvatrice, par la création. Ainsi, le doigt de dieu serait celui de l'esthète orgueilleux, de l'ami insatisfait qui n'arrive à toucher la chair que par l'intermédiaire de ciseaux, crayons ou plumes.

De retour de Zone (Actes Sud -prix du livre Inter 2009), œuvre magistrale sans point qui se lit comme elle semble avoir été écrite -en un souffle-, Mathias Enard nous offre en cadeau ce précieux conte où se rencontrent, dans la ville des carrefour,s génies italiens et turcs. Comme dans Zone, il bâtit des ponts entre les rives méditerranéennes sur lesquels il fait passer vers, intrigues, amoureux secrets, sultans, singe et éléphant...

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, de Mathias Enard, Actes Sud, 153 p., 17 euros.

Zone est sorti en collection Babel (poches d'Actes Sud) en août 2010, 528 p.

dimanche 24 octobre 2010

L'or des Incas, des Chimus, des Mochicas, de Sican, etc...

L'Eldorado que cherchèrent les explorateurs européens existait bel et bien, il se nichait dans les jardins du temple de Coricancha (temple du Soleil) à Cuzco : les massifs y étaient garnis de morceaux d'or fin, des bassins et des vases étaient façonnés de ce même métal et incrustés d'émeraude. La Pinacothèque (Paris 8e) expose quelques pépites du trésor des Incas et des civilisations qui les précédèrent. Une collection riche mais mal organisée...

Le Candide de Voltaire découvre au chapitre XVIII de son conte "l'Eldorado" : reste du pays des Incas que leurs descendants ont préservé des Espagnols. Le Macchu Picchu n'était pas encore connu des Européens au début du XVIIIe siècle mais Voltaire décrit son Eldorado comme « inaccessible », « entouré de hautes montagnes » et de dangereux rapides. Le chanceux Candide réussit pourtant à y entrer et à en sortir chargé de « cailloux et de boue» [comprendre : d'or]. Malheureusement, il perdit bien vite ses pépites dans les précipices...
Les colons espagnols ne surent guère mieux profiter du butin américain : les économistes s'accordent à dire que les richesses rapportées du Nouveau Monde engluèrent l'économie de la péninsule ibérique. Dormant sur ses lingots, la première puissance européenne décrépit dès le XVIIe siècle.

L'exposition de la Pinacothèque rassemble plus de deux cent cinquante pièces provenant des civilisations incas, mais aussi chimus, mochicas, sican, huari, soit des peuples qui pendant deux mille ans peuplèrent le Pérou actuel, l'Equateur, la Bolivie, le Nord du Chili et de l'Argentine. Les Incas n'étaient guère plus doués en tissage, en orfèvrerie ou en poterie que les autres. Simplement, ils furent les derniers à conquérir et à unifier le territoire avant l'arrivée des Espagnols. En bons derniers, ils récupèrent les inventions et les talents de leurs aînées pour construire une civilisation dorée, luisante et aussi fugitive qu'une météorite (1400-1533). Les chroniques des conquistadores la rendirent célèbre.

L'or comme alpha et oméga de la légende inca
Afin de mettre en lumière ce « syncrétisme », la Pinacothèque utilise l'or comme accroche. Dans un univers inca divisé en trois -le ciel, le monde des hommes et celui des défunts-, le précieux métal servait d'intermédiaire : sueur du soleil, donc du dieu le plus puissant, il lui était rendu par des cérémonies et dans les temples ; il protégeait les pectoraux des vivants comme ceux des morts (cf. la tombe du Seigneur de Sipan, tombe moche découverte en 1987 qui recelait une quantité considérable de métaux précieux). Sous forme de bijoux, l'or symbolisait la vassalité des notables vis à vis de l'Inca : ce dernier les récompensait par des parures qui ne pouvaient être portées qu'avec son autorisation.
En capturant les orfèvres chimus (« civilisation » dont l'apogée précéda celle des Incas) pour leur faire travailler le précieux métal à Cuzco, les Incas volaient, avec leurs doigts, leur or.
Francisco Pizarro conquit le Pérou pour son or en ayant au préalable pris soin d'amplifier la rumeur selon laquelle un eldorado existait dans la région. Ainsi, il put se faire financer son expédition par les rois Espagnols.
Pizarro demanda à Atahualpa, l'empereur Inca qu'il captura, tout son or en échange de sa vie. Le souverain fit venir sa fortune des quatre coins du pays. Il fut exécuté afin que la totalité de la rançon ne fut versée. Des marins qui ramenaient une partie du trésor par le lac Titicaca auraient, furieux de cette trahison, fait couler leur cargaison. De là, serait née la légende d'un trésor inca perdu.


Force et failles de l'exposition
Une partie de ce trésor brille devant les yeux des visiteurs parisiens. Mais comme le traître Pizarro, les avaricieux espagnols, peut-être comme les Incas face à Chanchan (la grandiose capitale chimu dont les ruines se visitent aujourd'hui depuis Trujillo [au Pérou]), en tous cas comme Candide, le commissaire et son équipe ont perdu beaucoup de pépites en route : dorée, l'exposition est mal présentée, presque brouillonne. La première partie redore le blason des civilisations pré-incas, toutefois les cartes synthétiques qui auraient pu accompagner des textes bien denses se trouvent un étage plus bas, à côté d'un paragraphe sur les bijoux... Certaines vitrines mériteraient des explications qui ne manquent pas à l'historien puisque le visiteur les trouve dans les guides de l'exposition.

Ainsi ce pense-bête présenté en première salle fait l'effet d'un grand collier de cordes nouées. Il s'agit en fait d'un quipu ("noeud" en quechua), boulier permettant de véhiculer d'un bout à l'autre d'un Empire sans écriture des informations militaires, statistiques ou administratives. Ce pense-bête n'a rien d'Inca, lit-on dans le hors série publié par le Figaro : des quipus datant de 2000 av JC ont été retrouvés dans la citadelle de Caral (N. de Lima). Là encore, le génie des Incas fut de récupérer et centraliser les outils de plusieurs civilisations. Et ce fut cette optimisation qui se révéla être leur véritable or. Quant à l'exposition, plus brillante qu'enrichissante, elle n'est qu'une porte d'entrée dans le temple.


Jusqu'au 6 février 2011 à la Pinacothèque (métro Madeleine).
Tous les jours de 10h30 à 18h. Mercredi jusqu'à 21h.
Tarifs : 8 euros pour les moins de 25 ans et les étudiants / 10 euros

A lire : le hors-série du Figaro, L'or des Incas, 7,90 euros

Les Incas, de César Itier, Guides Belles Lettres des civilisations, 214 p, 17 euros




Découvrez L'or des Incas exposé à la Pinacothèque de Paris sur Culturebox !

mardi 12 octobre 2010

Les invités, de Pierre Assouline : sortie en poche

Une plongée dans la “bonne” et haute société parisienne... ou comment Pierre Assouline démontre que le mot “bon” ne peut être pris, dans cette expression, dans toutes ses acceptions. Drôle, mais un peu longuet et surtout facile.

Ce soir, Sophie du Vivier, baptisée “Madamedu” par sa bonne Sonia, reçoit. Au fond rien d’extraordinaire, Madamedu est rompue à ce type d’exercice, l’atteste son classeur qui garde en mémoire, via menus et plans de tables, ses précédents dîners. Pour autant le défi est toujours aussi excitant : il faut varier les mets d’une fois sur l’autre, ne jamais resservir à un invité la même couleur de nappe, penser les invitations en fonction des histoires, des caractères et des métiers des convives, et surtout, surtout, savoir placer... Ah ! le fameux art du placement qui prend en compte autant les psychologies, les affinités, la largeur réglementaire due à chaque invité (60 cm), les précédents placements, etc... Madamedu tourne et retourne ses bristols cherchant, telle une mathématicienne, la combinaison optimale pour rendre cette soirée légère, inoubliable et utile à son mari sur le plan des affaires.

En un dîner, l’auteur évoque, derrière l’élégance des salons et la finesse du couvert, les lourdeurs d’un monde qui évolue dans la minuscule chasse-gardée qu'est le quartier de l’église Sainte-Clotilde, village du 7e arrondissement où l’on naît, grandit et meurt selon des rites particuliers.
Avec humour, Pierre Assouline nous initie à ces codes ainsi qu'aux mentalités qu’ils forgent, lesquelles fondent en général une philosophie de l’exclusion, une méconnaissance des autres franges de la société -notamment celle d’origine immigrée- qui n’a d’égale, pour cette vieille artistocratie reclassée à force de classes prépas et d'optimisation des carnets d'adresses, qu’une grande maîtrise des usages républicains (comprendre ici non de la Res Publica mais le microcosme des “Hauts fonctionnaires”).

On reprochera à l’auteur de rapidement tomber dans la facilité, et l’on ne cessera d'attendre
ce que nous annonçait la critique littéraire : ce “Festen”, cet éclair de vérité qui se laisse désirer au fur et à mesure des pages pour n'émerger qu'avec peine, ou tout du moins de manière trop diffuse (l’explication de l’attitude de Christina est trop légèrement amenée). A croire que Pierre Assouline est comme les personnages qu’il dépeint à grands et caustiques traits, un élégant dandy survolant la surface des choses, et balayant le tout d’un revers de main, sans prendre le temps de plier sa serviette (ce serait mal poli, wouldn't it ?). Drôle, le roman n’en reste pas moins “
facile”.

Les invités, de Pierre Assouline, folio poche, 201 p.


"En la contemplant, on ne voyait plus que ça. Ce paquet de lèvres déjà vu et revu, modèle déposé et breveté, une horreur. Disparus la profondeur du regard, la petite fossette au creux des joues, l'éclat des dents, la courbe mutine du nez. Ce monstre de lèvres gâchait tout ce qui l'entourait. Impossible de s'en détacher, il aimantait le regard avant de provoquer le dégoût. Mais qu'est-ce qui les poussait tout à en faire autant ? L'accablant esprit moutonnier de la mode ? Mais on ne change pas de lèvres comme de chaussures. On les garde longtemps." p 42.

dimanche 3 octobre 2010

D'autres vies que la mienne, d'E.Carrère : sortie en poche

D'autres vies que la mienne, le roman d'Emmanuel Carrère sorti en 2009 chez POL est apparu sur les tables des librairies le 30 septembre dernier en Folio. Un roman français très émouvant (il a reçu le Prix Marie-Claire du roman d'émotion !:-).

Jeanne, petite française de quatre ans, a été emportée par la vague qui a dévasté en 2005 l'Indonésie, le Sri Lanka, le Sud de l'Inde et la Thaïlande. Ses parents, qui étaient au marché quelques mètres plus haut, en sont rescapés.

Juliette, juge d'instruction à Vienne, meurt d'un cancer, laissant Patrice, son mari rêveur dessinateur de bédés, et leurs trois petites filles.

Les deux événements n'ont aucun rapport direct si ce n'est qu'Emmanuel Carrère, qui en fut le témoin, a été chargé de les mettre en mots. Il aurait pu en faire deux récits. Il en a tiré un roman à la problématique discrètement et finement ficelée : entre les événements extérieurs qui écrasent littéralement les personnages (un tsunami, un cancer) et leur héritage social et familial, de quel part de liberté disposent-ils ? Juliette n'en est pas à son premier cancer, 16 ans auparavant, alors qu'elle n'était qu'adolescente, elle souffrait déjà d'une maladie qui lui a laissé comme souvenir des jambes infirmes. Sa vie de femme saine (avec béquilles) n'a été qu'une parenthèse, un souffle, durant lequel elle a mis son énergie à juger des affaires a priori sans importance (problèmes de logements et de sur endettement) dans la lointaine banlieue de Lyon.

Du point de vue d'un romancier parisien qui s'apprête à tourner son premier film (tiré de son livre, La Moustache) et se dit rongé par une angoisse abyssale symbolisée par un renard, la vie de sa belle-soeur est une « petite » vie, courte, provinciale, grise. Cependant, l'enquête qu'il mènera sur Juliette à la demande « des autres » le mènera sur deux pistes parallèles : celle d'une femme malade dont le nom ne sera qu'à peine imprimé dans un Dalloz, et la sienne, celle d'un auteur narcissique un brin prétentieux qui fut malheureux -personnage dépeint avec une tendre ironie. De cette double exploration, il tirera une conclusion existentialiste : si entravés sommes-nous par les tsunamis, les traumatismes des décès, les renards et les rats, nous gardons un éventail de possibilités parmi lesquelles il nous faut choisir avant d'« occuper » pleinement cette place que nous avons choisie.

A cette conclusion, le lecteur parvient après avoir accompagné Juliette, Etienne, Patrice, Philippe, Delphine, dans leurs maisons de banlieues autour d'un café, à côté des petites dessinant des princesses et des chevaliers, dans les bureaux du tribunal civil, dans une chambre d'hôpital ou au coin du feu, avec un grand cru bourguignon en main et les Rolling Stones en fond... il y parvient après avoir vécu et mourut avec eux, soit au terme d'un chemin des plus pathétiques qu'il trace dans une langue simple et modeste, au style indirect libre, et c'est ce paradoxe qui en fait un grand romancier...: nous faire verser des larmes et des rires des récits de nos quotidiens tout en en tirant, en pointillé, des leçons philosophiques.

« L'image du rat, cependant, m'est familière. Sauf que l'animal qui me ronge, moi, de l'intérieur, c'est un renard. Le rat d'Étienne provient de 1984, mon renard de l'histoire du Spartiate qu'on étudiait en cours de latin. Le petit Spartiate avait volé un renard qu'il gardait caché sous sa tunique. Devant l'assemblée des Anciens, le renard s'est mis à lui mordre le ventre. Le petit Spartiate, plutôt que de le libérer et ce faisant, d'avouer son larcin, s'est laissé dévorer les entrailles jusqu'à ce que mort s'ensuive, sans broncher. » p135.

D'autres vies que la mienne, E. Carrère, Folio, 334 p.

NB.: Philippe Lioret, le réalisateur de Welcome, commencera à tourner une adaptation "très libre" de ce livre dans les semaines à venir.

 
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