mercredi 28 avril 2010

Lucian Freud, derrière la chair...

Le génie est dans l'énergie. Voici ce que le visiteur entend dire de la bouche de Lucian Freud (né en 1922) dans le film présenté à la fin de l'exposition du Centre Pompidou. Recouverts de multiples touches de peinture séchées, l'atelier que l'on découvre filmé, photographié ou peint est devenu palette et témoin de l'énergie qu'a Freud depuis les années 60 à sans cesse remettre sur la toile de son chevalet, dans la même pièce, le corps posé là. Ce peut être le même, celui d'une obèse, celui de son chien ou le sien propre, mais la chair n'est jamais la même, marquée qu'elle est par les années ou la lumière, les fissures et les plis que lui confère sa position. Les stars Elisabeth II et Kate Moss, dont les portraits ne sont pas présentés à l'exposition mais que l'on découvre dans les catalogues de la boutique, ne sont pas épargnées par la texture épaisse qui naissent des brosses aux poils durs et élastiques de l'artiste.

Sleeping by the Lion Carpet, 1995-1996
[Endormie près du tapis au lion]
Huile sur toile, 228,6 x 121,3 cm
Collection Lewis
© John Riddy
© Lucian Freud

En philosophie ou en religion, la chair s'oppose à l'âme. Il semble aussi que les deux s'excluent dans les toiles de Lucian Freud, où les corps ne sont en général que morceaux de viande : soit qu'ils soient endormis, soit que, derrière leurs regards vides, ils paraissent perdus dans des interrogations qui les empêchent d'être présents à eux-mêmes... et pourraient être expliquées par la solitude ontologique dans lesquels Lucian Freud les peint : nus -les vêtements confèrent une identité, une position dans la société-, entourés de compagnons qui leurs tournent le dos -cf. la relecture de L'après midi à Naples, de Cézanne, les couples allongés-, dans des pièces quasiment dénuées de mobilier.

After Cézanne, 2000
[D’après Cézanne]
Huile sur toile, 214 x 215 cm (dimensions irrégulières)
Canberra, National Gallery of Australia, Purchased with the assistance of the Members of the NGA Foundation, including David Cœ, Harold Mitchell AO, Bevelly Mitchell, John Schaeffer and Kerry Stokes AO, 2001
Photo © National Gallery of Australia, Canberra
© Lucian Freud


Retour à l'atelier : l'école de Londres

"Je pense toujours que "connaître quelque chose par coeur" permet plus de profondeur que de voir de nouveaux sites, aussi splendides soient-ils."

Il semblerait que la vie de Lucian Freud vérifie sa pensée. C'est en effet pour la dernière partie de son oeuvre, celle des nus retracés dès le milieu dès années 60 dans l'atelier, que le peintre acquit sa réputation. En retournant dans cette antre mythique de l'artiste, Lucian Freud, s'inspirait de Francis Bacon, qu'il fréquentait à Londres. Dans cet espace étouffant, borné et reflétant sur les corps ses maigres ressources chromatiques, les marrons des parquets, le vert mate des plantes d'intérieur, le peintre saisit son unique échappatoire : le vide métaphysique que les chairs enveloppent. A voir.

Au centre Pompidou, Paris 4e, Métro Rambuteau, RER Châtelet-Les Halles, jusqu'au 19 juillet 2010, tarif expo : 12 euros (réduit 9) Le laissez-passer pour les -26 ans est à 22 euros (entrée à toutes les expos pour un an, entre autres). Tous les jours sauf mardi et 1er mai, de 11h à 21h (fermeture des caisses à 22h).


1 commentaire:

  1. L'expo est courte et l'on comprend très vite le propos de l'exposition, trop vite peut-être. Quel est le propos de l'artiste ? Son parcours ? Ses influences... Les quelques citations de Lucian Freud ne suffisent pas à éclairer le mystère de l'artiste. Tout ça manque d'explications et l'on veut bien croire que la vie l'oeuvre d'un artiste sont plus complexes que ce que l'on nous présente ; ça manquerait presque d'inconscient !

    RépondreSupprimer

 
Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs