mercredi 14 avril 2010

Le mariage à trois, x2

Avant-première

Un dramaturge reçoit chez lui les protagonistes de sa nouvelle pièce. Mais la présence conjuguée de son ex-femme, de son nouvel amant et d’une jeune assistante, va rendre la journée particulièrement tumultueuse, entremêlant création et enjeux sentimentaux.


L’histoire (d’amour(s) ?) paraît simple : Hariet (Julie Depardieu) et Auguste (Pascal Grégory) ont divorcé, mais ils s’aiment encore et continuent d’entretenir une relation plus ou moins platonique. Auguste s’est toujours inspiré d’Hariet et de l’amour qu’il lui porte pour écrire ses pièces de théâtres dramatiques. Hariet n’a joué que dans les pièces d’Auguste et a besoin d’être valorisée par son regard. Leur lien est unique et complexe, leur relation inachevée et frustrante. Vient alors Théo (Louis Garrel), nouvel amant d’Hariet, à l’opposé d’Auguste, tant au niveau physique qu’au niveau de ses sentiments. Ils prévoient de se marier, seulement quelques mois après leur rencontre. Auguste remarque tout de suite qu’Hariet ne lui appartient plus, qu’elle ne plus être son inspiration, rassurante et valorisante. Mais cela lui permet d’ouvrir les yeux sur la présence de Fanny (Agathe Bonitzer), présente sous son toit depuis quelques semaines, discrète et calme.

Ce(s) mariage(s) à trois amènent alors des relations malsaines et destructrices et des sentiments confus et incertains entre les personnages, qui se cherchent et se provoquent. Le théâtre n’est qu’un prétexte au jeu des relations.



Lui, l’ex-mari, l’amoureux, l’écrivain torturé, Auguste. L’Auguste, émouvant, amusant, agaçant. Nostalgique, il semble ne pas pouvoir (vouloir ?) se remettre de la séparation d’avec Hariet. Il a besoin de l’énergie et de la présence de l’autre pour écrire (vivre ?). Il a besoin de l’amour de l’autre pour se sentir vivant et s’ouvrir sur le monde (les autres ?).

Elle, l’ex-femme, l’amoureuse, l’utopiste, Hariet. Elle a l’air d’aimer tout le monde et personne de vouloir rester lier à son ex-mari tout en répondant à ses pulsions envers Théo, le jeune acteur. Elle a besoin de cet éternel lien impossible avec Auguste pour mieux se jeter dans les bras de Théo, elle aime se sentir désirée et inaccessible.

Alors oui, il semble parfois qu’un « mariage à 3 » soit une utopie possible pour elle.

Lui, l’amant, le jeune acteur, le séducteur, le tolérant, Théo. Peut-être le seul vrai libertin (libertaire ?) du quatuor… Désir de plaire, de séduire, oui. Mais aussi d’aimer Hariet. Il suit les mouvements des autres tout en essayant de trouver sa place dans ce tourbillon de sentiments.

Elle, enfin, la jeune fille, l’étudiante, le nouvel élan, Fanny. Elle est celle que l’on va consulter à l’étage des confessions. D’abord à se taire, elle finit par sortir de sa seule écoute, pour animer les autres et mettre l’histoire en marche. Elle est la seule à ne pouvoir aimer qu’une seule personne à la fois. Elle paraît la plus claire dans cette maison où c’est compliqué. Grâce à Hariet, celle qui, invisible, était assise au bureau d’Auguste, devient le maillon central de cette histoire d’amours pluriels. Pas avare de sentiments, elle est un recommencement pour Auguste.

Tourné en plans séquences dans l’ordre chronologique des scènes, ce nouveau Doillon tente de prendre les personnages bien en face, au-delà de la complexité des relations. Le texte est dense, les personnages n’arrêtent jamais de parler, de se parler, de commenter leurs mouvements, de dire ce qu’ils pensent et d’interpréter les (ré)actions des autres. Le film met la parole en avant et filme la (con)fusion de sentiments au plus près.

Très théâtral, ce huis clos offre au spectateur humour et réflexion sur les comportements que l’adulte amoureux est capable d’adopter. Le jeu des acteurs est plein de réalisme, sans tomber dans le naturalisme, et apporte au film une dimension romantique.

Néanmoins, le film n’apporte rien de nouveau au cinéma français, mise à part la présence d’Agathe Bonitzer, fraîche et juste dans son jeu (révélée par son papa Pascal dans Le Grand Alibi puis par Christophe Honoré dans La Belle Personne).

Louis Garrel et Jacques Doillon, un duo intellectualo-artistico-pompette

Pour la rencontre suite à la projection du film, devant une salle à moitié pleine, Jacques Doillon et Louis Garel arrivent bien éméchés... ILs n'étaient sûrement dans la salle pendant la projection !

Résumé d’un débat surréaliste… Un des spectateurs a beaucoup insisté sur le fait que dans les films de Doillon les enfants se prennent souvent pour des adultes et les adultes pour des enfants… La maturité est souvent remise en question dans les relations que Doillon développe. Ce dernier, pas tout à fait d’accord, appuie sur le fait que la vie, et plus particulièrement les relations amoureuses, nous amène parfois à réagir de manière plus ou moins réfléchie, et qu’il n’est pas question d’être adulte ou enfant. De plus, les relations amoureuses ne sont ni linéaires ni éternelles, et c’est ce que Le mariage à trois essaie de dire, d’un point de vue particulier et subjectif.

Louis Garrel, quant à lui, arrive à glisser à son metteur en scène que l’on n’a pas le même point de vue à 25 ans qu’à 60 ans, mais que cela n’empêche pas d’avoir un avis intéressant sur les choses... A part ça, il a décidé de jouer dans ce film pour son réalisateur et non pour son sujet et a apprécié retravailler avec Agathe Bonitzer (qu’il avait rencontrée sur le film de Christophe Honoré La Belle Personne).

Ce qu’on peut retenir de cette rencontre est « En fait, ça demande si Hortefeux était aussi con quand il était petit que maintenant » (L.G.).

Film de Jacques Doillon, avec Pascal Greggory, Julie Depardieu, Louis Garrel, Agathe Bonitzer et Louis-Do de Lencquesaing.

Sortie nationale le 21 avril 2009

1 commentaire:

  1. malsain, non au contraire je trouve ce film très sain tant il s'exprime dans la joie et l'ouverture!

    RépondreSupprimer

 
Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs