Sélection du Grand prix des lectrices de ELLE 2012
« Le poète de Gaza » est le premier roman traduit en français de Yishaï Sarid, fils du député israélien Yossi Sarid, fondateur du parti laïc et socialiste Meretz. Il y est question de la légitimité de la violence en politique face au terrorisme : que fait-on lorsqu’on a face à soi un homme qu’il faut faire parler avant qu’une bombe explose ? Jusqu’à quand celui qui nous fait face est encore un homme ?
Au-delà d’une question philosophique, il est question dans ce roman de la trajectoire d'un homme, agent des services secrets israéliens spécialisé dans la prévention des attentats. Une telle mission ne souffre pas un quelconque doute quant au bien-fondé de son action. Le cheminement de cet agent sera tout aussi précieux qu’un doute philosophique.
Mis sur la touche car ces interrogatoires étaient allés trop loin, on l’investit d’une mission normalement sans risque pour lui. C’est un travail qui l’éloigne des sous-sols des services secrets pour le ramener à la lumière du jour de Tel-Aviv, à la complexité des rapports humains. Il fait ainsi la rencontre de l’Israélienne Dafna, ancienne étoile montante de la littérature et du Palestinien Hani, mourant et exfiltré de Gaza par les services secrets pour des raisons qu’il ignore.
Ces rencontres faites de mots et de littérature, et même si cela n’est qu’une couverture pour une opération spéciale, c’est cela qui fera vaciller la certitude du narrateur. C’est ce que dit justement l’auteur : « retourner à la parole, retourner à la négociation, réfréner la violence ».
"Le poète de Gaza", Yishaï Sarid, Actes Sud, collection actes noirs
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