dimanche 15 janvier 2012

Amadou & Mariam : Eclipse

« Il existe une condition bien pire que la cécité, c’est celle de voir quelque chose qui n’est pas là » : l’écrivain Thomas Hardy est cité dans le feuillet de présentation du spectacle Eclipse, donné en deux représentations ce week-end à la Cité de la musique à Paris. C’est une « expérience unique », un concert d’Amadou et Mariam dans le noir total. Pourtant ce que l’on entendra, sentira et ressentira existe bel et bien.

Tout un protocole est là pour que l’on comprenne dès l’entrée que nous allons vivre un moment rare : une liste de consignes, un vestiaire où l’on doit laisser manteau et sac et un accompagnement lent et organisé vers notre place. L’ambiance nous saisit immédiatement : une fraîcheur, une odeur, un fond sonore qui rappelle le Mali à l’aube. Cette ambiance évoluera au gré de l’épopée d’Amadou et Mariam qui nous est contée par un narrateur : la température changera, de douces senteurs arriveront alors que l’on se laisse conter leur rencontre, leur apprentissage, leur succès en Afrique de l’Ouest, leur voyage en France et leur réussite planétaire. Pendant un peu plus d’une heure, onze chansons viennent nous rappeler combien nous connaissons leur rythme, leur voix et leurs paroles.

Et il ne s’agit pas d’un best of du couple aveugle de la chanson africaine, les reprises ne sont pas identiques, ainsi en est-il du titre Sabali que l’on ne reconnaît pas aux premières notes comme ce fut le cas quand il était bombardé sur les radios en 2008. Le pari est plus fou, plonger ceux qui ne savent que s’appuyer sur ce qu’il voit pour savoir ce qu’ils ressentent. On a d’ailleurs un peu de mal au début à ne pas rechercher frénétiquement quelque source de lumière, comme un repère. Mais vite, on laisse nos autres sens nous guider. On reste finalement soulager quand, à la fin du concert, l’éclipse se termine doucement et qu’une faible lumière nous laisse découvrir le dispositif : les musiciens derrière un lourd rideau, les deux chanteurs assis, le sac à main de Mariam comme son repère. Nous ne la voyions pas, mais la réalité était bien là.


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