On se souvient sûrement tous de quelques jours ou quelques semaines passés hors de son foyer, la première expérience de l’étranger. C’est la force de l’écriture de Claire Keegan que de traduire la complexité des sentiments qui traversent alors la jeune enfant : c’est à la fois doux et inquiétant. Parce que c’est autre chose, ce n’est pas sa mère et son père mais ce couple qui l’accueille dans sa maison ne lui apporte-t-il pas plus d’attention et, disons-le, d’amour ? Cela aussi, c’est inquiétant, de réaliser qu’une autre personne que ses parents peut apporter plus de soin et d’amour.
On retrouve dans l’écriture de Claire Keegan la naïveté et la crainte de l’enfance. Ces mots et ses expressions ne déchirent pas le voile transparent de l’enfance qui fait que le monde est plus doux et qu’on devine aussi ce qui le rendra cruel : « nous voyons tout et pourtant nous ne distinguons rien ».
"Les trois lumières", Claire Keegan, traduit par Jacqueline Odin, Editions Sabine Wespieser
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