mardi 12 juillet 2011

Pater ou les mises en scène du pouvoir

Pater est l’histoire d’un cinéaste qui, ayant trouvé son fils, Vincent Lindon, lui propose de jouer un jeu où, forcément, il est question de pouvoir. Et, s’il faut choisir un rôle, pourquoi ne pas élire la fonction suprême ? « Tout est possible », Cavalier le dit dans la note d’intention du film qui prend la forme de 10 commandements. Il choisit alors le jeu le plus violent symboliquement : il sera Président de la République et son acteur Premier ministre.

Le spectateur, excité par une telle perspective (va-t-on voir des acteurs, des enfants, des hommes politiques ou tout cela à la fois ?), passe bien vite sur ce titre : Pater. Pourtant, il est question de ce pouvoir-là aussi, celui du père, le premier que tout un chacun éprouve. Cette relation au père est le fondement du film, sa motivation, elle est la première cité dans les 10 commandements du film : « Je le regarde exercer son pouvoir/ Sur sa femme, sur mon frère et moi », et, plus loin : « Mon père meurt/ Sans une vraie réconciliation entre nous deux (…) J’ai respecté son courage d’aveugle, de paralysé (…) Ai-je comprimé tout ce qu’il a déposé en moi / A cause du jugement que je portais sur lui ».

Fort d’avoir tué le père ou, à défaut, d’avoir pris sa place, l’homme a ensuite nécessité à trouver la sienne dans la société. La fonction suprême est le meilleur rôle qui soit, un fantasme du cinéma car il à la fois la réalité et la mise en scène, il est le combat entre l’un et l’autre. Et Vincent Lindon de conclure quand son réalisateur lui dit que de toute façon ce n’est qu’un film : « Si c’est un film, c’est la réalité ». Oui, cinéaste et acteur se prennent à leur propre jeu jusqu’à ne plus savoir de quoi il est question, quel rôle est le plus signifiant. A partir de cette géniale idée, Cavalier décline un discours pertinent sur la politique, les hommes qui l’habitent et d’audacieuses analyses sur des situations délicates.

C’est aussi parce que le jeu ne peut se dispenser de la mise en scène, que le costume, la cravate, le double menton sont des sujets ; c’est aussi parce que le jeu, du cinéma et de la politique, est celui de la parole qu’il faut se battre pour un mot de trop ; mais c’est surtout parce que ce ne sont que des hommes qui édictent ses règles, que le jeu est cruel. Mais s’il est de tels films pour que la catharsis soit à l’œuvre, alea jacta est.

1 commentaire:

  1. C'est enthousiasmant de voir un film ne répondant à aucun caractère conventionnel de cinéma comme ce Pater.

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