lundi 14 mars 2011

Le repas des fauves : quel ami êtes-vous ?


Jusqu'où est-on ami ? Lors des repas de fêtes, sur la terrasse des cafés, au travail... pour consoler aussi... Mais s'il fallait sacrifier ? Si dans votre clan des sept, il fallait en ôter deux, qui seraient par vous choisis ? Une pièce sur la seconde guerre mondiale, et notre faible humanité, à voire au théâtre Michel, Paris 8e (réservations possibles jusqu'au 30 avril).

Ce soir, à l'occasion de l'anniversaire de Madame, Sophie et Victor reçoivent. Oh rien de très grandiloquent, nous sommes en guerre, mais tout de même le menu est coquet : rôti, légumes, œufs frais. Ce vieil André, d'ailleurs non invité, complète par du saucisson, du champagne, du pâté. On oublierait presque le pays est occupé, jusqu'à ce que la Gestapo se charge de le rappeler : contre deux allemands abattus, deux otages sont ici demandés. Ils doivent être choisis par les convives eux-mêmes, qui ont deux heures pour s'exécuter. Solution offerte oh combien cruelle, sélection impossible comme l'était Le Choix de Sophie (roman de W. Styron) et qui laisse s'ouvrir et s'épancher les cœurs arrachés à toutes conventions, toutes politesses normalement requises, pour ne laisser que des tripes à vif, décharnées, chacune à sa manière luttant pour sa vie : les amoureux se testent, les blessés arguent qu'ils ont déjà donné, certains tentent la fuite, d'autres s'ingénient à envoyer les autres à la potence, les philosophes prennent des bains, tandis que l'officier nazi relit tranquillement les Grecs.


Un huis-clos drôle par son ironie morbide qui rappelle que "l'enfer c'est les autres"... autant que nous-même, et qui, par la mise en scène l'extrême, l'horreur de la guerre et la cruauté nazie, nous donne à réfléchir : serions-nous salauds ou lâches ? Sous quels légers pretextes sauverions-nous nos peaux ou vendrions-nous celles des autres ? A quel point penserions-nous notre existence plus nécessaire que celle de cet enfoiré ? Comment, sans être dépressif, ni dépourvu de toute pulsion de vie (pas saint), défaire ce noeud inextricable : mourir ou faire mourir ?

Une pièce sartrienne d'après l'oeuvre de l'écrivain d'origine arménienne Vahé Katcha (1928-2003) conseillée, en dépit des jeux inégaux des acteurs.


Au théâtre Michel, 38 rue des Mathurins, Paris 8e, Métro Havre-Caumartin, 33 euros / 25 euros, du mardi au dimanche. Du mardi au samedi : 21h / Samedi : 16h30 / Dimanche 15h.

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