mardi 15 février 2011

Quand les Nono font leur cirque, la lune se rit…


Les Nono de Marseille étaient à Antony. Plus légers que des flocons de neige, ils en sont partis, nous laissant la tête dans la lune, au milieu des funambules.


Du haut de sa robe géante, surplombant la fourmilière de circassiens, la lune égrène des mots de rien en se servant de thé, se farde puis observe ce qui s’agite là-bas, en-bas... où les Nono tentent justement de la décrocher. Les plus gracieux la rejoignent quelques minutes, embarquant dans leur danse le cœur fragile des spectateurs. Les autres, les clownesques, ces pauvres hères dont la lune se moque, vaquent à leur activité pour conjurer le rien : ils organisent des concours d’acrobaties, des chœurs de sifflets, des défilés de mode dans lesquels les grands-pères en robes serrées rivalisent avec les obèses. La piste ensablée est pour eux l’occasion d’une descente en ski-nautique : le cheval est le bateau et sa belle cavalière mange des roses.



L’air faussement innocent, les Nono se moquent des circassiens comme des spectateurs, de cette fourmilière que la lune contemple : les chiens tournant sur la piste sont portés par les hommes, les rats filent dans les culottes, les lianes des acrobates sont humaines tandis qu’aux enterrements des laides qui se prennent pour des belles, la foule s'habille de blanc. De ces moqueries, de ces instillations sur la vacuité et la vanité de la scène humaine, le spectateur n’a cure : il observe émerveillé les acrobates de Genet qui misent sur cette corde leur art et leur vie, et ne sait plus où porter son regard lorsqu’une armée de lapins débarque sur le sable pour un saute-mouton endiablé. Le spectateur a bien rit, la lune aussi, et les circassiens se sont déjà envolés avec les dernières notes de l’orchestre. On n'écrit pas "fin" ici, même quand il est aussi moderne, le cirque, avec sa scène ronde, souscrit à "l'éternel retour" sans que jamais sa poésie, son adresse et ses histoires ne nous lassent. A Voir dès que possible.


Les Nono font leur cirque, mis en scène et textes par Serge Noyelle et Marion Coutris.

3 commentaires:

  1. Clown nono, c'est parfois notre lot, de paraitre inutile, et sans intérêt... observateur d'un monde qui tournoie sans nous et d'un très haut qui semble sans incidence sur ce monde qui s'agite... MERCI Marie de l'envie que l'article suscite, du souvenir qu'il ranime. J-Marie

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  2. Merci pour l'envie que cet article suscite, du souvenir qu'il ranime...Des amitiés qu'il représente. J-Marie

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  3. et où peut-on croises de nouveau cette petite merveille ?

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