dimanche 7 février 2010

Benjamin Biolay, Superbe !

Voilà peut-être une heure qu’on écoute les textes et mélodies de Benjamin Biolay sur la scène du Casino de Paris, qu'il s'est progressivement mis en confiance, remerciant beaucoup et sincèrement le public présent, quand il profite d’être au piano pour entamer « Les Séparés » de Marceline Desbordes-Valmore, une poétesse du début du 19ème siècle. Un texte romantique d’une modernité surprenante que Julien Clerc avait superbement mis en musique il y a plus de dix ans. On ne boude pas cette version entièrement reprise par Benjamin Biolay et l’on mesure à quel point la justesse des vers à elle sont proches de l’authenticité de ces textes à lui et de la précision de sa musique.

Tournant essentiellement sur les textes de La Superbe, Benjamin Biolay n’en oublie pas moins de nous donner à entendre ses textes fondateurs pour lui et pour le public : Les Cerfs-Volants bien sûr, « A mesure que le temps passe / Je mesure le temps qui passe », deux vers qui nous rappellent la douce et cruelle mélancolie dont est empreint l’album concept Rose Kennedy aujourd’hui plutôt absente de La Superbe. On y retrouve beaucoup plus l’emportement et l’impatience de cette chanson oh combien représentative du chanteur-musicien, A l’origine, dont il donnera une version longue, puissante et enragée dans un rap qu’il semble finalement le libérer d’un inconfort et se livrer ainsi à son public. Les chansons du double-album La Superbe seraient donc la rencontre de la précision mélancolique de Rose Kennedy et de la puissance revendicatrice de A l'origine, un mélange efficace dont il s'était déjà approché en 2007, avec l'album Trash Yéyé.



Certes, Benjamin Biolay a dû attendre pour sourire à son public et apprécier les salles pleines, les disques de platine mais cinq albums et trente-sept années, c’est payé peu cher pour obtenir déjà cette intensité du verbe et des notes. Un texte de Rainer Maria Rilke « Pour écrire un seul vers (…) » ouvre le spectacle, Benjamin Biolay est-il à même de s’approprier cette confession : « des vers signifient si peu de chose quand on les a écrits jeune ! On devrait attendre et butiner toute une vie durant, si possible une longue vie durant ; et puis enfin, très tard, peut-être saurait-on écrire les dix lignes qui seraient bonnes. » ? Pour écrire un seul vers, il faut tant attendre, tant vivre et tant souffrir mais le chemin qui nous y mène n’en est pas moins exultant.

La Superbe (2009), Naïve - En tournée en France et en Belgique jusqu'en juin 2010, toutes ces dates sur son site officiel.

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