Mangareva est située à 1700 km au sud-est de Tahiti, elle est la plus importante des quatorze îles qui constituent l’archipel des Gambier, au cœur de la Polynésie. Elle a été découverte en 1797 par le capitaine James Wilson. Les premiers contacts entre Mangaréviens et Occidentaux sont mauvais : J. Wilson (en 1797) ne peut accoster, Beechey (en 1832) est confronté à l’hostilité des habitants. Les pères catholiques arrivent en 1834 : un an plus tard, les Mangaréviens se convertissent massivement à la religion chrétienne. Les rares pièces rescapées sont rapportées en Europe dès 1832 pour donner la mesure de la superstition et des coutumes barbares de cette population lointaine. Les douze objets cultuels en bois présentés dans l’exposition forment un panthéon unique qui permettent à Mangareva de retrouver ses dieux mis à mal par les élans iconoclastes de l’Occident.
L’archipel des Gambier fait partie des dernières terres atteintes par l’homme dans son exploration du Pacifique. Les populations locutrices des langues dites « austronésiennes » sont sûrement originaires des zones côtières de Chine du Sud. Elles s’établissent d’abord à Taiwan vers 3500 av JC puis se répandent progressivement vers les Philippines et l’Indonésie. Certains s’installent dans l’ouest du Pacifique durant le 2ème millénaire avant JC, ils ont des contacts avec des populations parlant des langues papoues déjà présentes dans la région depuis au moins trente-six mille ans. La progression de ces populations dans le Pacifique semble marquer une pause à partir de 900 avant notre ère et pendant mille ans. On estime que vers 1000 après JC, les Polynésiens réussirent même à atteindre le continent américain dont ils rapportèrent la patate douce.
A l’état naturel, l’archipel n’offrait que peu de ressources végétales ; aussi, ce sont les hommes qui apportèrent les arbres et les plantes indispensables à leur alimentation. En plus des ressources carnées tirées de l’immense lagon, il existe un réseau d’échanges avec des îles situées plus à l’est possédant des ressources complémentaires de celles des îles Gambier. Une pression excessive de la population devenue plus nombreuse sur un milieu terrestre limité et fragile, conjuguée à une dégradation climatique comparable à celle que connût l’île de Pâques, est probablement à l’origine de la profonde crise écologique qui frappa l’archipel dans les derniers siècles avant l’arrivée des Européens.
Une culture paradoxalement bien conservée
Paradoxalement, alors que la culture mangarévienne originelle est celle qui a été le plus rapidement et radicalement éradiquée par les Occidentaux en Polynésie, elle est celle sur laquelle on a le plus d’informations grâce aux pères de l’ordre de Picpus, surtout Honoré Laval qui a réalisé un travail rigoureux et passionné. Il fait transcrire les traditions orales mangaréviennes. Il a consacré près de trente ans de sa vie à la rédaction de son manuscrit : la mythologie, les légendes, la généalogie des chefs, les chants et les contes y sont retranscrits avec l’objectivité d’un ethnographe.
L’archipel des Gambier fait partie des dernières terres atteintes par l’homme dans son exploration du Pacifique. Les populations locutrices des langues dites « austronésiennes » sont sûrement originaires des zones côtières de Chine du Sud. Elles s’établissent d’abord à Taiwan vers 3500 av JC puis se répandent progressivement vers les Philippines et l’Indonésie. Certains s’installent dans l’ouest du Pacifique durant le 2ème millénaire avant JC, ils ont des contacts avec des populations parlant des langues papoues déjà présentes dans la région depuis au moins trente-six mille ans. La progression de ces populations dans le Pacifique semble marquer une pause à partir de 900 avant notre ère et pendant mille ans. On estime que vers 1000 après JC, les Polynésiens réussirent même à atteindre le continent américain dont ils rapportèrent la patate douce.
A l’état naturel, l’archipel n’offrait que peu de ressources végétales ; aussi, ce sont les hommes qui apportèrent les arbres et les plantes indispensables à leur alimentation. En plus des ressources carnées tirées de l’immense lagon, il existe un réseau d’échanges avec des îles situées plus à l’est possédant des ressources complémentaires de celles des îles Gambier. Une pression excessive de la population devenue plus nombreuse sur un milieu terrestre limité et fragile, conjuguée à une dégradation climatique comparable à celle que connût l’île de Pâques, est probablement à l’origine de la profonde crise écologique qui frappa l’archipel dans les derniers siècles avant l’arrivée des Européens.
Une culture paradoxalement bien conservée
Paradoxalement, alors que la culture mangarévienne originelle est celle qui a été le plus rapidement et radicalement éradiquée par les Occidentaux en Polynésie, elle est celle sur laquelle on a le plus d’informations grâce aux pères de l’ordre de Picpus, surtout Honoré Laval qui a réalisé un travail rigoureux et passionné. Il fait transcrire les traditions orales mangaréviennes. Il a consacré près de trente ans de sa vie à la rédaction de son manuscrit : la mythologie, les légendes, la généalogie des chefs, les chants et les contes y sont retranscrits avec l’objectivité d’un ethnographe.
Comme dans toutes les généalogies polynésiennes, l’origine des chefs remonte aux dieux. Il y les dieux majeurs et leurs descendants directs. Le dernier né donne naissance à Tiki considéré comme à l’origine des Mangaréviens car il refuse de retourner dans le monde des dieux. Avec sa femme, il devient le créateur de l’humanité. Tururei est le premier chef issu de Mangareva, son règne se situe vers 1250 après JC. A partir de cette époque une succession de puissants chefs viennent de Hiva. Tupa, le premier, impose un système d’organisation sociale et religieuse fondé sur le modèle culturel polynésien le plus évolué, lequel repose sur un culte religieux pratiqué par des prêtres médiums entre les dieux et les hommes et sur une société hautement hiérarchisée régie par un chef, akariki. Puis la vie des chefferies se résume à une lutte féroce pour l’espace. Te Maputeoa est le dernier chef de la dynastie, il est baptisé par les missionnaires français en 1836 et porte désormais le nom de Gregorio.
« Îlots perdu au beau milieu du Pacifique… Lieu de passage des Polynésiens lors de la colonisation des îles les plus reculées du vaste océan… Terre d’une concurrence farouche et meurtrière entre une communauté condamnée à partager un espace marin important mais avec des ressources terrestres limitées et fragiles… Culture millénaire balayée en l’espace de quelques mois par la foudroyante conversion aux dogmes chrétiens, et paradoxalement conservée comme nulle part ailleurs par ceux-là même qui avaient provoqué le radical changement, tous ces éléments ont participé à faire de l’identité, de la culture et de l’histoire de Mangareva un cas unique et fascinant. »
La représentation humaine à Mangareva
Les types des supports divins diffèrent d’une aire culturelle à l’autre et même d’une île à l’autre, mais seule la statuaire anthropomorphe est présente dans l’ensemble du triangle polynésien. Ce qui implique que ce mode de représentation existait probablement déjà lorsque les Polynésiens colonisèrent les îles. Contrairement au reste de la Polynésie, il apparaît que la statuaire de Mangareva est restreinte à des statues de divinités en bois comprises entre 50 cm et un peu plus d’1 mètre, appelés tiki.
Cette statuaire reste mystérieuse car il ne reste actuellement que huit statues sauvées des autodafés organisés par les missionnaires. Elles étaient conservées dans de petits abris sacrés appelés ‘are tiki, intégrés aux structures de culte. Les prêtres les traitaient comme des êtres vivants (offrandes nourriture et d’objets précieux). Exclusivement masculines, ces figures étaient vêtues d’un maro, sorte de cache-sexe et portaient un turban sur la tête. La confection des statues étaient réservée aux experts sculpteurs. De manière globale, en Polynésie, la forme de la statuaire sur bois est contrainte par le volume cylindrique du tronc.
Ce qui distingue fondamentalement la statuaire anthropomorphe mangarévienne est son naturalisme : les corps sont fluets, sans musculature ; les proportions de l’ensemble et les éléments du corps sont traités avec réalisme. Il y a cependant des éléments stylisées de formes géométriques. La statuaire mangarévienne est remarquable car elle réunit des caractéristiques spécifiques à des aires culturelles polynésiennes dont les styles présentent des différences fondamentales. Héritier de la culture archaïque de la Polynésie centrale, le style mangarévien a fortement subi l’influence des cultures véhiculées par les réseaux de contacts entretenus avec les aires voisines. Au sien d’un relatif isolement, sa culture a connu un épanouissement qui a développé des spécificités uniques en Polynésie.
Exposition au Musée du Quai Branly du 3 février au 10 mai 2009
Exposition présentée au musée de Tahiti et des Îles – Te Fare Manaha sous la direction de Jean-Marc Pambrun du 24 juin au 24 septembre 2009
"Mangareve, panthéon de Polynésie" Collectif, Coédition musée du quai Branly / Somogy, 19.50€
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