Dans ses valises, la maladie d'un
proche peut amener, autant que l'abattement, la possibilité de rompre
les habitudes, l'opportunité d'une nouvelle vie, rafraîchie. Le
sujet du roman de Cécile Guilbert, Réanimation, promettait un livre passionnant.
Dans sa critique, le Monde des livres (auquel collabore Cécile
Guilbert) le qualifie de "tonique". Le Parisien lui donnerait le prix Femina... On n'en dira pas tant, mais
le roman, vite avalé, ouvre des portes et invite à casser la
routine.
Blaise est un artiste quinquagénaire
sans enfant et avec peu de soucis... Quand sa femme l'a rencontré, son aptitude à se plonger dans le présent se manifestait par l'élasticité de son corps.
Vingt ans après, le couple a gardé son énergie créatrice -elle
pour les livres, lui les arts plastiques- et love son amour
insouciant dans une petite «cabane», la
modestie du mot édulcorant le caractère bobo de leur vie parisienne
– verrière, vélo, et projets de livre-photos...
Aussi lorsque le malheur surgit sous
forme d'une cellulite cervicale (infection de la graisse du visage),
Blaise maugrée au mot «hospitalisation» et ne prend pas
la mesure de l'urgence. Le lendemain il n'est plus qu'un tas de chair que des machines assistent. Sa
femme est assurée de ne pas voir l'ombre d'une conscience avant
trois semaines. Dans son esprit privé de repos, le bal des angoisses habituelles aux parents de malades bat la mesure : que faire ? quand lui
rendre visite ? En reviendra-t-il ?
Outre d'effarantes questions, le veuvage temporaire
lui prodiguera la possibilité de s'extorquer de ses obligations
sociales. Une telle liberté, l'inédit de la situation et la
découverte d'un nouvel univers (le service réanimation de l’hôpital) développeront
les facultés de son imagination... Prolixe, la narratrice lit, écrit.
Simplicité du roman, nécessaire leçon de résilience
Dans son journal intime (le roman est présenté comme tel), elle sublime son homme. De telles rêveries qui cristallisent l'amour sont parfois redondantes et ennuyeuses : pour le lecteur et pour elle, l'attente se fait longue... La grande simplicité du livre -phrases courtes, récit chronologique du quotidien- n'aide pas non plus à justifier un quelconque prix littéraire. Qu'importe, suivant l'exemple de l'héroïne du récit, le lecteur ne butinera que le meilleur : une leçon de résilience, le recours aux références mythiques de l'auteur et le rappel qu'en dehors des cerveaux génies, la pensée paresseuse est une belle endormie. Non fouettée par des nouveautés, elle retourne à sa léthargie...
Simplicité du roman, nécessaire leçon de résilience
Dans son journal intime (le roman est présenté comme tel), elle sublime son homme. De telles rêveries qui cristallisent l'amour sont parfois redondantes et ennuyeuses : pour le lecteur et pour elle, l'attente se fait longue... La grande simplicité du livre -phrases courtes, récit chronologique du quotidien- n'aide pas non plus à justifier un quelconque prix littéraire. Qu'importe, suivant l'exemple de l'héroïne du récit, le lecteur ne butinera que le meilleur : une leçon de résilience, le recours aux références mythiques de l'auteur et le rappel qu'en dehors des cerveaux génies, la pensée paresseuse est une belle endormie. Non fouettée par des nouveautés, elle retourne à sa léthargie...
Réanimation, Cécile Guilbert, Grasset, août 2012, 269 p.
"Alors que l'imagination d'intrigues, d'aventures et de personnages m'a toujours fait défaut, qu'aucune histoire ne me vient jamais à l'esprit et qu'au fond, je n'ai jamais eu envie d'en écrire, toute une cohorte d'historiettes, de sujets de nouvelles, de petits romans se bousculent dans ma tête depuis quelques jours." p233
Je vous trouve bien sévère envers ce qui me parait être un chef d'oeuvre au contraire. REANIMATION est un roman ciselé, profond, dont la portée philosophique en fait un livre précieux, et jouissif du point de vue de l'écriture. Mais c'est surtout un récit sincère et troublant dans sa générosité et sa fraîcheur. Je ne saurais que trop recommander Cécile GUILBERT, dont le talent littéraire n'est plus à démontrer: elle est un grand auteur. Contrairement à vous, je rejoins Le Parisien, et suis également d'avis, qu'elle mérite amplement d'être honorée par un Prix.
RépondreSupprimer