Sélection du Grand prix des lectrices de ELLE 2012
« Room » fait trembler, on le lit parce que l’on veut connaître la fin, on veut savoir comment des êtres se sortent de la claustration et de la folie d’un individu pervers. Jack vit enfermé dans une chambre de quelques mètres carré avec sa mère enlevée par un être pervers sept années auparavant. L’enfant évolue sans problème dans cet espace fini, la mère, elle, pense au « Dehors » dont elle cache la réalité à son fils ; tous les deux survivent par une relation fusionnelle.
Emma Donoghue se risque à emprunter le point du vue de l'enfant, ce qui peut rendre la lecture quelque peu pénible : l'expression est répétitive, d'autant plus quand l'enfant ne connaît qu'un seul et même environnement. Certes, ces répétitions sont aussi là pour nous rappeler la similitude des jours et la nécessité d'instituer des habitudes, des quasi rituels, pour ne pas tomber dans la folie.
Le livre est dérangeant à plus d’un titre car en plus de mettre des personnages dans une situation atroce (et l’actualité nous a rappelé à plusieurs reprises que cette horreur ne naissait pas dans la tête des romanciers), il parle aussi de ce que Jack appelle le « Dehors », notre monde et c’est par des yeux vierges de tous ses codes qu'on le découvre, réinterrogeant nos habitudes.
Et ce jeune garçon, qui ne connaît que la Chambre se trouve mal dans ce Dehors, il regrette ces repères d’avant, ce lieu où l’ennemi était identifié et où il savait ce qu’il allait se passer. Finalement, Jack est désormais forcé de ne pas savoir ce qu'il se passera car le monde extérieur contient un nombre illimité de possibilités ; Jack doit apprendre que cette grande frayeur devant l'inconnu s’appelle en fait liberté.
"Room" d'Emma Donoghue, Stock
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