Il ne suffit pas d’un sujet romanesque ; il ne suffit pas non plus de puiser la dimension dramatique dans la réalité : la vraie douleur n’est pas suffisante pas à un bon roman, encore moins à une belle écriture. Jean-Louis Fournier a perdu sa femme, de manière inattendue, et perdu son couple. Le sujet est annoncé de but en blanc, « Veuf ». On comprend l’égoïsme auquel le malheur confine.
Il ne sera question que de lui, ce nouvel état, dans le roman trop aéré de Jean-Louis Fournier. Le titre lapidaire promettait une écriture acérée qui aurait raconté l’indicible et la violence de la réalité que rien ne saurait adoucir. Au contraire, les mots de Jean-Louis Fournier sont bêtement ceux qu’on attendait, les situations banales comme si l’auteur dressait là une douleur stéréotypée, celle qu’on n’a pas besoin de vivre pour imaginer, celle qu’on intellectualise, qu’on voit mais qu’on ne ressent pas. Du coup, bien sûr on imagine la douleur, l’incompréhension, le non-sens de la vie mais on ne sait rien de l’amour que l’homme portait à sa femme, de ses particularismes et de sa magie.
Voilà ce en quoi sûrement, la fiction sait dépasser la réalité et la littérature l’écriture intime.
"Veuf" Jean-Louis Fournier, Stock
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