Sélection du Grand prix des lectrices de ELLE 2012
En premier lieu, les polars racontent une histoire qui ne peut faire l’impasse sur une bonne intrigue et des personnages forts. Malheureusement, l’exercice est souvent bâclé et combien de polars lassent par la grossièreté des personnages et la transparence de l’intrigue ? Il n’en est rien pour cette première enquête de l’inspecteur Mørck, vieux flic blasé, revenu de tout et surtout d’une enquête qui a mal tourné et qui coûta la vie et les jambes à l’un et l’autre de ses coéquipiers : en plus, l’inspecteur Mørck est pétri de culpabilité.
De retour dans ses bureaux de la police, on signifie à Carl Mørck que désormais il dirigera le département V, créé pour convenances politiques et officiellement chargé d’enquêter à nouveau des dossiers classés. En réalité, l’inspecteur ne dispose que de très peu de moyens et n’aura comme seul collaborateur Assad, réfugié politiqué syrien, à la fois chaleureux et secret. Les deux hommes vont s’approcher et finalement, à force d’ennui se saisir d’un dossier vieux de cinq ans, sur la mystérieuse disparition d’une jeune députée montante du Folketing, le parlement danois.
En 2002, Merete Lyyngaard, disparaît sur le ponton d’un bateau alors qu’elle s’accordait un week-end en compagnie de son frère, handicapé et muet depuis l’accident de voiture qui coûta la vie à leurs parents. A l’époque, aucune piste n’aboutit et son corps n’est as même retrouvé. Jusqu’à ce que, cinq années plus tard, l’inspecteur Mørck commence à rassembler les pièces d’un puzzle qui ne se formera que dans les dernières pages. Les chapitres consacrés à Merete Lyyngaard, la culpabilité qu’elle nourrit vis-à-vis de son frère puis le calvaire qu’elle subira, révèlent les affres de la nature humaine et l’énergie de la vengeance. En cela, l’auteur sait, dès le prologue du roman, faire monter la pression et décrire les tortures au point que l’on détourne parfois les yeux des pages…
« Miséricorde » est le premier roman traduit en français de Jussi Adler Olsen, qui connaît un véritable succès dans son pays. Et déjà, on a aucun mal à imaginer ce binôme improbable sur des enquêtes à venir. Et ainsi en est-il d’une série de personnages dessinés sans hâte, dressés progressivement que la longueur de l’histoire a tout le temps de révéler avec une certaine finesse psychologique.
"Miséricorde" Jussi Adler Olsen, Albin Michel
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