Dans La fille de son père, Anne Berest parle de la famille, thème maintes fois éculé et pari risqué, qui plus est pour un premier roman, mais astucieusement relevé. Bien heureusement, on échappe à la veine haineuse de Claire Castillon dans Dessous, c’est l’enfer dont la violence des propos submergeait et rendait toute analyse impossible. A l’opposé, on a un moment peur que la jeune auteur ne cède à la tentation moraliste qui voudrait que l’on soit éternellement reconnaissant à ceux qui nous ont mis au monde, peu importe la suite. Il n’en est rien, ce n’est que pour mieux rebondir et donner l’assaut final.
Tout va en finesse et en simplicité : tout d’abord, la famille n’est pas frappée à l’endroit de l’héritage qu’elle impose ou des contraintes subies inconsciemment. C’est par le prisme d’une fratrie que l’on entre dans les arcanes familiales : ce sont trois sœurs, composition finalement assez rare dans la littérature et la mythologie. Souvent les sœurs s’effacent pour devenir fille, épouse ou mère, comme si cela avait plus de sens. Et c’est cela, peut-être encore, que vient nous montrer le roman d’Anne Berest. Les trois sœurs sont les figures imposées de la famille, encore plus vraies que leur mère est morte alors qu’elles étaient encore petites filles. Elles ont été la féminité du foyer durant toutes ces années sans mère. La sœur aînée, dans un égotisme attendu, pense même que son père eut peur de la voir grandir et se transformer en femme. Elle ne saura jamais, par un secret de plus, à quel point elle se trompait.
Entre l’aînée Irène et la benjamine Charlie, la cadette nous raconte les souvenirs : lorsque les sœurs étaient comme une seule personne contre le monde et adorée de leur père, quand Charlie avouait ne pas avoir de souvenirs de sa mère et jalousait ses sœurs pour cela… Mais les années ont défilé, les titres chapitres en témoignent : l’anniversaire, la Toussaint, la Noël, la Saint-Sylvestre et le 6 août 2010, jour de l’enterrement du père. La mère a été remplacée, les sœurs ne sont plus des enfants, n’ont plus la même vie et ne se ressemblent plus. Reste leur seule rousseur, celle de leur mère, comme témoin de leur sororité. A peine nostalgique, la cadette constate cela comme si elle était résolue à grandir et savait que l’on devait se défaire de cela. Les relations ne sont plus les mêmes, plus exclusives, l’époque de l’intransigeance enfantine est bien révolue et la filiation reste. Ce texte, ni violent ni complaisant, est finalement intelligent.
Tout va en finesse et en simplicité : tout d’abord, la famille n’est pas frappée à l’endroit de l’héritage qu’elle impose ou des contraintes subies inconsciemment. C’est par le prisme d’une fratrie que l’on entre dans les arcanes familiales : ce sont trois sœurs, composition finalement assez rare dans la littérature et la mythologie. Souvent les sœurs s’effacent pour devenir fille, épouse ou mère, comme si cela avait plus de sens. Et c’est cela, peut-être encore, que vient nous montrer le roman d’Anne Berest. Les trois sœurs sont les figures imposées de la famille, encore plus vraies que leur mère est morte alors qu’elles étaient encore petites filles. Elles ont été la féminité du foyer durant toutes ces années sans mère. La sœur aînée, dans un égotisme attendu, pense même que son père eut peur de la voir grandir et se transformer en femme. Elle ne saura jamais, par un secret de plus, à quel point elle se trompait.
Entre l’aînée Irène et la benjamine Charlie, la cadette nous raconte les souvenirs : lorsque les sœurs étaient comme une seule personne contre le monde et adorée de leur père, quand Charlie avouait ne pas avoir de souvenirs de sa mère et jalousait ses sœurs pour cela… Mais les années ont défilé, les titres chapitres en témoignent : l’anniversaire, la Toussaint, la Noël, la Saint-Sylvestre et le 6 août 2010, jour de l’enterrement du père. La mère a été remplacée, les sœurs ne sont plus des enfants, n’ont plus la même vie et ne se ressemblent plus. Reste leur seule rousseur, celle de leur mère, comme témoin de leur sororité. A peine nostalgique, la cadette constate cela comme si elle était résolue à grandir et savait que l’on devait se défaire de cela. Les relations ne sont plus les mêmes, plus exclusives, l’époque de l’intransigeance enfantine est bien révolue et la filiation reste. Ce texte, ni violent ni complaisant, est finalement intelligent.
"La fille de son père" Anne Berest, Seuil, 16€
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