Ce soir, à l'occasion de l'anniversaire de Madame, Sophie et Victor reçoivent. Oh rien de très grandiloquent, nous sommes en guerre, mais tout de même le menu est coquet : rôti, légumes, œufs frais. Ce vieil André, d'ailleurs non invité, complète par du saucisson, du champagne, du pâté. On oublierait presque le pays est occupé, jusqu'à ce que la Gestapo se charge de le rappeler : contre deux allemands abattus, deux otages sont ici demandés. Ils doivent être choisis par les convives eux-mêmes, qui ont deux heures pour s'exécuter. Solution offerte oh combien cruelle, sélection impossible comme l'était Le Choix de Sophie (roman de W. Styron) et qui laisse s'ouvrir et s'épancher les cœurs arrachés à toutes conventions, toutes politesses normalement requises, pour ne laisser que des tripes à vif, décharnées, chacune à sa manière luttant pour sa vie : les amoureux se testent, les blessés arguent qu'ils ont déjà donné, certains tentent la fuite, d'autres s'ingénient à envoyer les autres à la potence, les philosophes prennent des bains, tandis que l'officier nazi relit tranquillement les Grecs.
Au théâtre Michel, 38 rue des Mathurins, Paris 8e, Métro Havre-Caumartin, 33 euros / 25 euros, du mardi au dimanche. Du mardi au samedi : 21h / Samedi : 16h30 / Dimanche 15h.
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