lundi 10 janvier 2011

Somewhere... nothing !... : ou Sofia Coppola laissée seule

Sofia Coppola s'affiche dans tous les magazines et le bruit de cette flopée d'interviews est largement à la hauteur du vide incommensurable du film dont il fait la promotion, Somewhere, Lion d'or à la Mostra de Venise. S'abstenir.

Dans une interview au Monde 2 (1/01/11), la réalisatrice américaine d'origine italienne qui fut parisienne s'offusque : « les gens privilégiés ont des sentiments, livrent des combats qui ne valent pas moins que ceux des gens qui ne jouissent pas de privilèges. » Soit.

Sofia Coppola tente de souligner ces sentiments par la préciosité de son économie de mots, beaucoup de plans longs et rapprochés ou quelques scènes symboliques dans lesquelles sont grossièrement enveloppés discours et conclusions sociologiques – telle cette question idiote d'une journaliste pour dire la bêtise du monde staro-médiatique- et qui, ironie de l'histoire, sont, pour être rapidement et facilement racontables, relayées en boucle par la presse. Interviews et résumés produisent alors une musique redondante, assourdissante et bêtifiante, à l'image des vies décrites dans le film...

Cette diffusion perpétuelle, hors du cadre du film, des mécanismes dénoncés sur l'écran est peut-être la seule réussite de la réalisatrice. Car dans les salles, les « combats » narrés laissent les spectateurs vides d'émotions, voire endormis. Coppola fille, est sûrement, comme on le lit, une « bonne élève » du cinéma, bourrant Somewhere de références et tournant vite, mais sa copie souffre justement des travers de ces écoliers qui, voulant trop bien faire, pourraient laisser à penser -au contraire de ce que peut être la réalité-, qu'il n'ont pas compris (au sens étymologique du mot : pris avec eux) les problèmes qu'ils soulignent. L'impression d'absence de compréhension empêcherait alors la compassion du spectateur. Sofia Coppola ne partage rien, elle est définitivement seule... Ce qu'elle n'a finalement fait que répéter -mais beaucoup mieux jusqu'ici – dans tous ses longs métrages.

Point de rencontre, point de gens, comme dans les vies vaines des stars dépeintes, c'est, dans Somewhere, la matière qui trône. « Sofia Coppola est laconique, mais les objets pour elle sont un moyen d'expression essentiel.» (Le Monde 2) Essentiel pour le placement de marques, très certainement... Ferrari, wii, ou la dernière version du jeu de Guitar Hero...

Où l'on aurait pu se contenter d'un titre de Souchon. « Putain ça penche / On voit le vide à travers les planches » !




Souchon Putain ça penche
envoyé par Polobouly. - Regardez plus de courts métrages.

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