Le dernier ouvrage d’Andreï Makine, La vie d’un homme inconnu, est sorti en janvier dernier. Il est encore largement temps de le lire et d’écouter, entre les bruissements de la neige, cet amoureux qui susurre, timide, à l’oreille de la jeune fille à laquelle, dans cette descente en luge, il s’accroche «Je vous aime Nadenka ».
La vie d’un homme inconnu s’ouvre par cette scène Tchékovienne. « Dans un récit, coupez le début et la fin. C’est qu’on ment le plus » estimait Tchekhov… Effectivement, rien ne justifie, ici, cette scène du maître russe, cette scène que le narrateur, Choutov, rêve dans une brume de whisky et qu’il associe à une autre vision, celle d’une « silhouette tracée par le soleil d’automne sur la dorure des feuilles »… Exilé à Paris depuis des année, oublié comme un vieil écrivain raté dans son colombier qu’une jolie petite étudiante vient de quitter, Choutov décide de renouer avec le passé, avec cette Russie qu’il n’a pas vue depuis des années et avec cette femme, Iana, qui se baladait dans le jardin d’Eté.
Choutov rêve, en clown triste, puisque c’est quasiment cela que son nom signifie. A Saint Pétersbourg, il ne retrouve plus la poésie qu’il avait quittée, les dorures des feuilles et la lumière du soleil jouant sur les cheveux d’une femme. Au contraire, son pays est devenu un monde aplati sur lequel défilent marques, opinions et personnalités…
Les inutiles paroles sur la descente en luge et le silence du parc qui enrobait la femme, Choutov les retrouvera chez un homme encore plus oublié que lui, dans le récit des horreurs du blocus de Leningrad et des purges soviétiques, quand, dans un camp, une femme, « le visage tourné vers le lent ondoiement de la neige » contemplait son amant.
Et ce regard était aussi inutile que le vieux dans son lit, qu’un concert sur un champ de bataille, ou que le début du récit de Makine. Le grand maître russe se trompait donc. Son successeur ne pouvait rien enlever.
La vie d’un homme inconnu, Andreï Makine, Ed du seuil, janvier 2009, 292 p.
"Tout était là, dans un seul regard. Cette berge où ils avaient vu tant d'hommes mourir. Et la rivière, à présent lente et large comme un lac et dont la glace était alors rayée par le sang d'un blessé qui rampait vers les chanteurs." p 217
La vie d’un homme inconnu s’ouvre par cette scène Tchékovienne. « Dans un récit, coupez le début et la fin. C’est qu’on ment le plus » estimait Tchekhov… Effectivement, rien ne justifie, ici, cette scène du maître russe, cette scène que le narrateur, Choutov, rêve dans une brume de whisky et qu’il associe à une autre vision, celle d’une « silhouette tracée par le soleil d’automne sur la dorure des feuilles »… Exilé à Paris depuis des année, oublié comme un vieil écrivain raté dans son colombier qu’une jolie petite étudiante vient de quitter, Choutov décide de renouer avec le passé, avec cette Russie qu’il n’a pas vue depuis des années et avec cette femme, Iana, qui se baladait dans le jardin d’Eté.
Choutov rêve, en clown triste, puisque c’est quasiment cela que son nom signifie. A Saint Pétersbourg, il ne retrouve plus la poésie qu’il avait quittée, les dorures des feuilles et la lumière du soleil jouant sur les cheveux d’une femme. Au contraire, son pays est devenu un monde aplati sur lequel défilent marques, opinions et personnalités…
Les inutiles paroles sur la descente en luge et le silence du parc qui enrobait la femme, Choutov les retrouvera chez un homme encore plus oublié que lui, dans le récit des horreurs du blocus de Leningrad et des purges soviétiques, quand, dans un camp, une femme, « le visage tourné vers le lent ondoiement de la neige » contemplait son amant.
Et ce regard était aussi inutile que le vieux dans son lit, qu’un concert sur un champ de bataille, ou que le début du récit de Makine. Le grand maître russe se trompait donc. Son successeur ne pouvait rien enlever.
La vie d’un homme inconnu, Andreï Makine, Ed du seuil, janvier 2009, 292 p.
"Tout était là, dans un seul regard. Cette berge où ils avaient vu tant d'hommes mourir. Et la rivière, à présent lente et large comme un lac et dont la glace était alors rayée par le sang d'un blessé qui rampait vers les chanteurs." p 217
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