dimanche 19 avril 2009

“Les Portes du ciel, visions du monde dans l’Egypte ancienne” au musée du Louvre


En ce moment et jusqu’au 29 juin, le musée du Louvre ouvre les portes du ciel egyptien. Une expo passionnante….


Proposer au visiteur une exposition sur l’Egypte ancienne n’est guère risqué reconnaissent les agents du musée : le sujet attire les foules. Une tendance qui semble, en ce début du mois de mars, une fois encore vérifiée.


Dans l’Egypte ancienne, les Portes du ciel étaient les battants du tabernacle derrière lesquelles se cachait la statue d’un dieu ; mais aussi, -les Egyptiens aimaient les superpositions-, les différentes portes par lesquelles les défunts devaient passer pour atteindre la demeure d’Osiris.
Seth a tué Osiris pour prendre sa place sur le trône. Il a, par la suite, profané puis dépecé le corps de son frère en mille morceaux. Isis, l’épouse d’Osiris, a réussi à reconstituer le cadavre, l’a embaumé puis ressuscité un bref instant, tout juste le temps de lui faire un enfant, Horus, qui adulte, devint le souverain d’Egypte.
Ci-dessus : Statuette représentant le dieu Osiris, IVe - IIIe siècle av. J.-C, © 2006 Musée du Louvre /Georges Poncet

Première momie, Osiris devint le dieu des morts. Ce sera devant lui que les âmes égyptiennes, après avoir parcouru maints obstacles et franchi maintes portes, présenteront, matérialisé sous la forme d’un scarabée, leur coeur. Si, à la pesée, le coeur n’est pas plus lourd que la plume sacrée (image de la déesse Maât qui incarne l’ordre social), le défunt pourra rester auprès d’Osiris dans la Douat, là où plonge le soleil à la nuit tombée, tandis que certaines de ses composantes pourront faire des allers-retours entre les mondes visibles et invisibles. A l’inverse, si le coeur est trop lourd, c’est la grande Dévoreuse qui attend le pauvre défunt…


Voici, très schématiquement, le chemin du défunt après sa mort. Comme le panthéon de l’Egypte ancienne, la cartographie de l’Au-delà est un brin compliquée… à tel point que pour s’y retrouver, Pharaons puis nobles prennent soin de se faire enterrer avec, sur un papyrus, les différentes formules magiques nécessaires pour arriver jusqu’à Osiris. Ce précieux document, qui pouvait coûter jusqu’à 6 mois de salaire, était appelé « Livre des morts ».



Ci-dessus : Ornement funéraire (pectoral) représentant la régénération du soleil, © 2004 Musée du Louvre / Christian Décamps


Tel un Livre des morts, l’Exposition du Louvre tente de guider les touristes dans les cieux égyptiens. Comme le soleil, et avec lui les composantes “vagabondes” (mais pas moins heureuses) du défunt, les visiteurs effectueront un trajet circulaire, s’ouvrant ainsi la possibilité d’un éternel recommencement (pourquoi pas ? L’exposition est très riche, et la pensée de l’Egypte antique si complexe). Sur le trajet du mort égyptien, des portes protégées par de consciencieux gardiens, des déserts ou de paradisiaques jardins(La Campagne des Roseaux ou celle des Offrandes). Sur celui des vivants, au Louvre, des récits cosmogoniques égyptiens, des momies, des amulettes, des sarcophages et des extraits de Livres des morts…. Certaines de ces oeuvres n’ont pas beaucoup voyagé pour l’évènement puisqu’elles viennent du Louvre. D’autres sont habituellement logées au British Museum, en Italie, au Danemark, etc.


Pour les funérailles de “‘première classe”, l’embaumement des corps pouvait durer plus de 260 jours. L’éternité le valait bien… Pour déambuler dans les méandres de la pensée egyptienne, le visiteur doit prévoir plus de 2 heures. L’exposition le vaut bien !


Les “Portes du Ciel“: visions du monde dans l’Egypte ancienne. Louvre, hall Napoléon. Jusqu’au 29 juin 2009. Tous les jours sauf mardi, de 9 h à 20 h, nocturnes mercredi et vendredi jusqu’à 22h. Tél.: 01.40.20.53.17. M° Palais-Royal/Musée du Louvre - Bus n° 21,24,27,39,48,68,69,72,81,95. Billet Exposition « Les Portes du Ciel » : 11 € - billet jumelé (Collections permanentes et expositions) : 14 € (tarif réduit : 12 €, gratuit pour les moins de 18 ans). http://www.louvre.fr/llv/commun/home.jsp

A lire, encore et toujours, Le fabuleux héritage de l’Egypte, de Christiane Desroches Noblecourt (paru en poche en 2006 aux ed. Pocket).

Marie Barral, article paru dans La boîte à sorties le 12 mars 2009

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