
Corneille parlait de cette pièce comme de son "étrange monstre". Monstre par l’intrigue déjà, bien difficile à relater à moins de s’en tenir à ceci : Pridamant s’inquiète du fils avec qui il a perdu contact, Clindor. Il s’en confie à son ami, Dorante, qui pour l’aider lui présente un magicien capable de lire dans les « destins » « comme dans des livres ouverts », de « lever le soleil » et de déplacer les montagnes…. Le magicien, Alcandre, invite Pridamant à entrer dans sa grotte. Devant les yeux du père désolé, défilera toute la vie de son fils : son service auprès d’un incapable vaniteux, Matamore, ses amours avec Isabelle et sa mort… Le père-spectateur est envoûté par l’histoire, jusqu’à ce que le magicien lui rappelle que les hommes agissant devant lui ne sont que des comédiens… Un beau métier rappelle en passant Corneille, à une époque (XVIIe siècle) où les acteurs étaient enterrés de nuit.
«Etrange monstre », cette pièce, l’est aussi, le résumé de l’intrigue le laisse deviner, par les genres dans lesquels elle s’inscrit. Le premier Acte, celui dans lequel Dorante raconte les exploits du magicien, emprunte, par sa célébration du soleil, à la pastorale. Puis arrive sur scène, avec Clindor, le beau jeune Loïc Corbery, et son maître Matamore, fou mythomane qu’incarne excellemment Denis Podalydès, la comédie : les deux hommes désirent une même femme, Isabelle, dont le père exige qu’elle se marie avec un homme de son rang. Le spectateur retrouve Molière, en moins burlesque, (selon certains chercheurs les pièces de Molière auraient été écrites par Corneille)… et jusqu’à ce que sortent les premiers couteaux, jusqu’à ce que Lyse, qui aime le même homme que sa maîtresse (Isabelle) se demande si elle doit sauver ce dernier, Clindor, emprisonné pour avoir tué un prétendant d’Isabelle. Avec la baisse de la lumière, ce choix cornélien signe l’entrée en tragédie. Avec son Illusion comique, le dramaturge fait valoir qu'il maîtrise tous les genres.

L’Illusion comique, jusqu’au 21 juin, à la Comédie française, 2 heures, mise en scène Galin Stoev, , avec Alain Lenglet, Denis Podalydès, Julie Sicard, Loïc Corbery, Hervé Pierre, Adrien Gamba-Gontard, Judith Chelma. A partir de 19h30 ouverture du guichet pour les places à 5 euros (mal placées mais on voit tout de même). Venir donc avant 19h30.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire